Dimanche 08 Octobre 2006 - FHM by Marcass\'
Débutant ou confirmé, garçon ou fille, voici ce qu\'il te manquait pour parfaire ta connaissance du rugby : le commentaire sur chaque poste de ce noble sport, fait par notre plume éternelle, Honoré de Marcasse, qui signa pour le FHM (Force et Honneur Magazine) de 2005/2006 un écrit savoureux que vous pouvez enfin consulter entièrement :
Les postes du rugby
· Pilier :
1m20, 200kg, le pilier de rêve fait peur à voir et tiendrait plus du phénomène de foire que du « gentleman rugbyman ». Heureusement, par une inspiration assez lumineuse des créateurs du jeu, le pilier travaille dans l’ombre, sa performance-type consistant à ne pas toucher un ballon du match. Les 2 piliers et leur complice talonneur doivent être un modèle d’abnégation, et ne pas avoir peur de mettre la tête dans le tas pour déblayer. Éternels hommes de l’ombre, les piliers se cachent dans les mauls, les mêlées et sous les shorts boueux des 3e lignes en touche.
Avantage : Au bar tu es aussi un pilier, c’est une question d’honneur. Dans le jeu, même si tu as une passe de maçon et des pieds de carré, ça devrait pas se voir.
Inconvénient : À part des Normandes en manque de Charolais, la gente féminine ne raffole pas de ton corps pourtant si impeccablement moulé par la bière et les excès qu’il résiste aux entraînements les plus difficiles.
· Talonneur :
Entouré de ses deux gardes du corps, le talonneur est une espèce à part, un personnage central à qui incombe (ou décombe ?) beaucoup de responsabilités. Tout le monde vous le dira, de Bernard Laporte à Dom Juan en passant par Napoléon, l’important c’est la conquête.
Au rugby, les mêlées permettent rarement de disputer la balle, reste donc la touche, plus aléatoire. Le talonneur se voit attribué le rôle de lanceur en touche, tâche ingrate s’il en est puisqu’un mauvais lancer se voit aussi bien que la Tour Eiffel depuis le Champ de Mars. Notre pauvre talon est ainsi souvent moqué pour la qualité de ses pizzas. Toutefois, si le lancer est un peu son talon d’Achille, son rôle dans la mêlée, qui lui donne son nom, est plus simple : talonner la balle que le demi de mêlée lui glisse sous le pied pour l’envoyer à ce dernier à l’arrière de la mêlée et lancer le jeu. Comme pour les piliers, sobriété et abnégation priment.
Avantage : Dans les bandas et lors du Paquito, ton geste est parfait, et pour cause c’est le même que pour lancer en touche.
Inconvénient : A force de donner des ballons aux adversaires en touche, tu pourrais bien remettre les adversaires sur pied surtout s’ils étaient sur tes talons.
· 2e ligne :
Véritables tours de contrôle du pack, les 2elignes sont des gaillards solides, sauteurs ou porteurs en touche toujours au soutien des 3e lignes quand ceux-ci vont péter au ras voire pour les relayer directement en cas de baisse de régime ou de ballons portés. Rempart en défense, il use les autres par sa densité physique. Enfin last but not least, le 2e ligne est volontiers joueur, taquin délivrant volontiers quelques olives et autres fourchettes dans la mêlée et les regroupements. Souvent grande gueule, il en faut (très) peu pour qu’il ne déclenche une générale (à l’ERT, on est vraiment gâtés de ce côté là…).
Avantage : Taillé façon armoire normande, tu es un beau bébé, on évitera par conséquent de te demander, même poliment, d’aller te faire foutre, ni de t’envoyer, même très cordialement son poing dans ta gueule.
Inconvénient : Au prix qu’atteint le mètre carré, difficile de ranger sa carcasse dans la traditionnelle chambre d’étudiant de 3 mètres sur 2.
· 3e ligne :
Le poste le plus complet du rugby ! Hybride d’avant et de 3/4, le 3e ligne est envoyé en percussion et est charger de découper les lignes adverses autant que de stopper son avancée. Aisance technique, goût du combat, puissance à l’impact sont donc les maîtres mots pour ce poste, au centre de toutes les combinaisons d’attaque et dans la plupart des points chauds défensifs. Porteurs ou sauteurs en touche, redoutables plaqueurs et cavaleurs infatigables, les n°6, 7 et 8, bien suppléés par les 1e et 2e lignes, forment une triplette redoutée par l’équipe adverse.
Avantage : Dans le jeu, tu as l’occasion d’être dans tous les bons (et les mauvais) coups. En plus, tu rends folles toutes les p… de bonne famille qui pullulent à l’ESSEC, trop heureuses de s’émanciper de la morale judéo-chrétienne rouillée de leurs parents en se bourrant consciencieusement la gueule pour montrer qu’on est cool, merde quoi !
Inconvénient : Bof…
· Demi de mêlée :
Souvent le plus petit gabarit de l’équipe, il n’en est pas moins le patron incontesté, le maître du jeu à la main, l’équivalent du n°10 au foot, il décide des combinaisons, il oriente le jeu par ses sorties de mauls ou de mêlée. Tel un berger menant son troupeau, il dirige les gros dans les mêlées ouvertes, il est leurs yeux. C’est à lui de décider quand changer l’orientation, quand envoyer la balle à l’aile ou au contraire fixer dans l’axe. En totale complicité avec l’autre moitié de la charnière (un autre demi donc) le demi d’ouverture, il est à l’origine des combinaisons d’attaque pour lancer les centres et les ailiers.
Avantage : Si finalement le rugby n’est pas ta vocation, tu pourras toujours te recycler dans le ping-pong, la danse classique ou le tricot.
Inconvénient : Se prendre un énorme troisième ligne sur le râble à chaque sortie de mêlée, ça peut finir par lasser…
· Demi d’ouverture :
Deuxième composante de la charnière, le demi d’ouverture ou n°10, n’en est pas moins indispensable dans le jeu, notamment pour le jeu au pied mais pas seulement. En effet, s’il a en charge d’orienter le jeu, de trouver des touches, de balancer des chandelles de récupération, d’occuper le terrain adverse et la plupart du temps de tirer les pénalités et transformer les essais, le n°10 a aussi une forte influence sur le jeu à la main puisqu’il combine avec ses centres et ailiers et l’arrière dès réception de la balle envoyée par le n°9 ; la fluidité du jeu d’attaque repose donc en premier lieu sur ses (larges mais pas trop quand même…) épaules.
Avantage : Si tu es aussi buteur, tu as une influence évidente sur le score qui te mettra automatiquement en valeur ; à toi de faire en sorte que ce soit positif…
Inconvénient : Tu tires une frappe de mule qui va mourir en touche… à cinq mètres de l’endroit où tu as tiré. Grand moment de solitude.
· Centres :
Si vous croisez un centre dans la rue, changez de trottoir. Évitez soigneusement de croiser son regard. Ne lui adressez la parole qu’en cas de nécessité absolue et toujours avec déférence. Cet homme-là est dangereux : éduqué depuis son plus jeune âge à être un tueur, des heures et des heures d’entraînement pour effacer toute trace de sentiment vaguement humain. Il faut dire que le centre doit être une montagne infranchissable en défense en tant que dernier rempart de la défense, et jouer les brise-lames en attaque. N’attendez donc aucun signe de Figaro d’Humanité de sa part.
Avantage : Tu as des soucis dans ta vie ? Une rancœur cachée, une agressivité dissimulée, une violence intérieure rabrouée, une frustration camouflée que tu as besoin de libérer ? Ce poste est pour toi. Tâche quand même de ne pas trop montrer la bave aux lèvres et le regard de tueur…
Inconvénient : Dans un poste où le talent et la technique sont souvent à leur paroxysme, les bons joueurs sont légion ; il faut être à la hauteur…
· Ailiers :
Attention, voilà le mec capable de te laisser sur place en un cad’ deb’, de placer une accélération extraterrestre en te laissant vérifier si le terrain est en bon état, si l’herbe est bien verte ou si l’arbitre est bien sapé mais sûrement pas le rattraper, le TGV est parti ! Comme dans une véritable fable animalière façon « histoires naturelles » sur TF1, les gazelles se font rarement croquer. Un poste où l’on peut donc être décisif à condition toutefois d’attendre patiemment son heure et de juguler les offensives des vis-à-vis adverses.
Avantage : Pas besoin d’aller dans des magasins spécialisés (si tu ne t’appelles pas Lomu) pour acheter des fringues, essuie les quolibets des “gros” avec sérénité, ils sont jaloux de ton look de footballeur.
Inconvénient : L’idéal, pendant un match, est de se prendre un bon bouquin à lire, voire même si tu joues en Angleterre, d’aller dans un pub en attendre la fin : dans un nombre conséquent de rencontres où le jeu est cloisonné ou simplement stéréotypé, tu seras souvent privé de ballons. Attention à garder sa concentration et à ne pas céder à la frustration.
· Arrière :
Le n°15 joue le rôle d’assurance tous risques, étant positionné, comme son nom l’indique, derrière la ligne des trois quarts. Il est le dernier rempart lors de contre-attaques dévastatrices de l’adversaire et c’est à lui de tranquilliser ses trois quarts lors de ballons longs en assurant ses prises de balle et en proposant des relances propres. Un poste où l’on est donc souvent sous pression, imagine que tu doives réceptionner une chandelle, tu ne peux pas bien voir la balle qui est cachée par un soleil de plomb, d’un côté si tu fais un en-avant, c’est catastrophique, mais d’un autre côté il y a une demi- douzaine de morts de faim qui vont se jeter sur toi dans quelques secondes à l’autre ! tu… t’enfuies en courant réponse A, loupes le ballon mais pas le plaquage désintégrateur réponse B, pries Dieu en serrant la balle dans tes bras sous l’amas de corps venus te plaquer, ou tu réussis miraculeusement à t’en sortir vivant et avec le ballon réponse D. Pas de joker disponible…
Avantage : Avec une bonne dose de culot, des jambes de feu, des feintes de corps et de passes et un jeu de jambe digne de Garrincha ou Ronaldhino, tu peux régaler des relances magiques « du parking » !
Inconvénient : Esseulé et sous pression, il vaut mieux avoir le cœur bien accroché et les mains non-parkinsoniennes. Stupeur et tremblements.