à quoi sert le Numéros 8 ? (par Henri Broncan, entraîneur de Auch.)
Le numéro 8 fait partie de la fameuse épine dorsale de l’équipe dont nous avons déjà parlé avec le numéro 2, le 9, le 10 et le 15.
L’ancien numéro huit du Stade Toulousain, Albert Cigagna, avait été surnommé « Matabiau » du nom de la gare de Toulouse : « gare de triage », c’est bien là la définition du troisième ligne centre ; ce rôle, il l’exerce surtout sur les sorties de mêlées, il lui est donc demandé d’être un excellent technicien capable de récupérer le ballon et de le bonifier, tâche particulièrement ardue surtout si - et c’est souvent le cas - la mêlée est chahutée... Dans ce cas là, il lui faut savoir conserver et provoquer un regroupement pour restabiliser l’organisation de son pack... par ailleurs, il lui faudra beaucoup de discernement pour soit affronter le n°6 adverse soit le cadrer pour mieux dégager la route pour son demi de mêlée ; si sa mêlée tourne côté gauche, c’est de ce côté qu’il devra orienter son ramassage et c’est donc avec le n° 9 adverse qu’il devra batailler. Dans le rugby actuel, il est donc sollicité pratiquement sur toutes les mêlées ; c’est pour cette raison que sa morphologie a changé : on se souvient tous de Bastiat, longiligne, très bon sauteur ; de nos jours, le numéro 8 est plus ramassé, plus massif et, en touches, il sera davantage utilisé comme soutien ou bien comme verrouilleur et premier défenseur.
Dans le jeu courant, on le place souvent en troisième rideau, relanceur au niveau de l’arrière et des ailiers car on veut utiliser sa puissance en le servant lancé, alors qu’il y a quelques années, il était plutôt un joueur de second rideau, réceptionnant les petits coups de pieds, plaquant les joueurs adverses ayant traversé le premier rideau ou bien « récupérant » les ailiers en débordement : la belle image de Barthe contre les Springbocks en 1958 lorsqu’il « découpe » Fourié filant à l’essai.
De par sa position stratégique, le numéro huit est souvent le capitaine de l’équipe ; c’est un joueur essentiel du dispositif et l’entraîneur doit tenir compte de ses avis car il est un de ses relais sur le Terrain. Dans le rugby français actuel, Thomas Lievremont et Elvis Vermulen - pour ce dernier un peu plus de passes et parfois quelques lacunes en défense - me semblent les plus accomplis.
Une des raisons des difficultés actuelles du Stade Toulousain me paraît venir de l’absence d’un numéro huit de métier.