Valse des Présidents à Toulouges
27 janvier 2007
Un Président viré il y a 6 mois, un autre démissionnaire depuis une semaine. Le club catalan a le sang chaud et s’offre crise et nouveau départ à mi-saison.
Robert Mérial, surnommé « Bobby », est un personnage. Haut en couleurs et en rondeurs il a joué à 15 et à 13 et connaît Henri Sagols depuis une bonne quarantaine d’années. On sait, en politique, ce qu’il advient des amitiés de trente ans et plus. Il semblerait qu’en rugby ce soit du même tonneau. Robert Mérial, président historique de Toulouges, avait laissé son fauteuil de patron à François Balducci après le premier titre national des catalanes en 2004. Il est revenu cette saison, pour un petit tour de quelques mois. Il vient de claquer la porte bruyamment : «J’en ai assez de Sagols et de sa façon de fonctionner. J’ai accepté des choses, car c’est un ami, mais il n’y a pas que lui et les petits oiseaux. On m’a appelé car il y avait d’énormes problèmes financiers. On est sur 15 à 20.000 euros de dettes. Moi, mon problème c’était comment on va finir la saison. Il faut compter. Et lui sa lubie a été de vouloir un jeu de maillots neufs. Vu le championnat qu’il y a ce n’est pas une priorité. Mais, lui, il s’en fout des sous. Il a dans la tête les 3 titres et on ne le sort pas de là. Il se mêle de tout. Le terrain, ce doit être le terrain, le Président, le Président. Comme ce n’est pas comme ça, je m’en vais»
Dans un club où les bonnes volontés sont peu nombreuses un départ de ce calibre fragilise. Aline Sagols, retraitée des terrains depuis la Coupe du Monde, le sent bien. Déjà un peu revenue de son nouveau rôle depuis qu’elle est de l’autre côté de la barrière elle comprend un peu le démissionnaire : «Quand tu fais des démarches et que les choses n’aboutissent pas, c’est galère. On était allé le chercher. Tout ce qu’est Toulouges depuis le début, c’est grâce à lui. Il s’est sans doute épuisé dans ces recherches car le RF c’est de plus en plus dur. Tu t’aperçois qu’avec trois titres tu obtiens peu. Je dis : qu’est-ce qu’on peut faire de plus sportivement pour décider des sponsors? Il y a eu un accrochage, bénin sur le fond, au sujet des maillots et voilà. On va faire, mardi 30 janvier, une assemblée générale extraordinaire pour constituer un nouveau bureau avec Jean-Christophe Torrès. Heureusement que le terrain fonctionne. Financièrement le club a été mal géré. Il y a des factures qui apparaissent. Les finales de l’an dernier nous ont coûté 5.000 euros car le déplacement des cadettes n’a pas été remboursé. Il y a aussi 6.000 euros de bus, 6.000 autres euros de frais anciens. »
La formule en bandoulière, Henri Sagols dédramatise : «Ce sont des vagues pour pas grand chose. Chaque fois qu’il y a des remous, je dis qu’on va se réconcilier sur l’oreiller. Et en rugby, l’oreiller c’est le terrain. Moi ce qui m’intéresse c’est le terrain et à ce niveau on a juste perdu un match 10-0 à Rennes. Avec Mérial on s’est pris la tête pour une histoire de maillots. Je lui ai fait une sortie un peu violente, c’est vrai. Mais les maillots, c’est le terrain, c’est l’identité. Même un club de 5ème série a un jeu neuf chaque année. Mais tout va s’arranger. On a un gros passif dû à l’ancien président. On nous avait annoncé + 3.000 en fin de saison et les factures impayées n’arrêtent pas d’arriver. On va trouver des solutions. On va étaler. Jean-Christophe (Torrès) est dynamique, il a des idées, il est proche de l’USAP. On va encore surprendre. »
« Je me suis porté candidat et tout le monde est d’accord» dit d’emblée Jean-Christophe Torrès. Joint par dfO samedi 27 sur le coup de 19h00, le futur patron toulougien était dans les loges d’Aimé Giral. En plein hymne catalan d’avant le match contre Bourgoin, celui qui est surnommé affectueusement "Toto" résume sa position et son optimisme : «Je suis arrivé au club cette saison. J’entraînais avec Henri (Sagols) et Jean-Louis (Arcour). Ma première mission c’est de pérenniser le club, de conserver le groupe et de l’étoffer car on est un peu juste en effectif. L’argent, il n’y a pas de problème. J’ai un groupe d’amis, des sponsors et des gens prêts à s’investir dans le rugby féminin. J’ai déjà trouvé 3.600 euros avec La Pyrénéenne pour mettre tout de suite les comptes en positif. Ensuite je pense trouver 60.000 euros d’ici la fin de saison. On va acheter du matériel : un joug moderne, des gilets de protection comme dans le Top 14, etc…. Je compte aussi pouvoir investir pour le confort des joueuses avec des tenues et faire en sorte que leurs voyages soient le plus confortables possible. »
Il a été Président durant les deux dernières saisons. Débarqué en juin dernier, François Balducci, réagit à la situation et à la remise en cause de sa gestion avec vigueur : «Je suis sidéré. Tout est clair dans la gestion. Il y a un livre de comptes. Quand j’ai pris le club après le titre 2004 il y a avait 40.000 euros de dettes et un budget de 90.000 euros. A la fin de cette première saison j’avais équilibré les comptes et le budget était porté à 110.000 euros. Pour la saison dernière, 2005-2006, je porte le budget à 160.000 euros et je termine l’exercice sans aucune dette. Il restait à rentrer 10.000 euros de la part du Conseil Général et 10.000 euros de la part de la Mairie, comme primes à la performance. Ces 20.000 euros devaient permettre de payer les factures des bus Capeille et de l’entreprise Milles. Je m’inscris en faux contre tout ce qui peut être dit contre ma gestion. Mon seul regret est de n’avoir pas nommé un commissaire aux comptes. Moi, je ne suis pas un communicant, mais au niveau gestion je suis nickel ! »