Quatrième chapitre du résumé de l’histoire du rugby féminin, tiré du livre « Des Filles en Ovalie », écrit par Jacques Cortie et Yaneth Pinilla B. Préfacé par Serge Betsen. Publication chaque semaine.
CHAPITRE II : (…)ANNÉES 70 : « CONTRE INDIQUÉ ET DANGEREUX »
(…)"Le 6 octobre 1972, coupe de théâtre. Une lettre provenant des hautes sphères de l’Etat plombe l’enthousiasme. Le Colonel Marceau Crespin, alors Directeur National de l’Education Physique et des Sports, fait parvenir une note de service à tous les Directeurs Départementaux de la Jeunesse et des Sports et à tous les Préfets.
"Objet de la missive : ‘rugby féminin’. Et voici le texte :
« Je pense que le rugby –sport de contact exigeant des qualités d’endurance, de robustesse foncière et de virilité- est contre indiqué pour les jeunes filles et les femmes pour des raisons physiologiques évidentes.
En outre, il semble bien les organisateurs des rencontres de rugby féminin recherchent -comme avec la catch féminin- à faire passer le plus de monde possible par les gichets, des stades en misant, avec succès d’ailleurs, sur une curiosité malsaine.
De plus, les mêmes organisateurs procèdent à un racolage systématique, notamment au sein des équipes féminines d’athlétisme et de basket-ball. Enfin, ils n’ont aucune considération pour les règles du contrôle médico-sportif.
Il est évident que cette pratique présente dès lors des dangers sur le plan physique et sur le plan moral, aussi je vous demande instamment de ne pas aider, ni a plus forte raison patronner, les équipes de rugby féminin ».
"Incontestablement, il y avait une vraie volonté d’interdire la pratique féminine du rugby. La FFR n’était d’ailleurs pas en reste, interdisant pour sa part aux arbitres de diriger des matches féminins. La consigne ne fut pas toujours suivie à la lettre et le deuxième Championnat de France fut organisé malgré ce contexte. Auch remporta le titre aux dépens de Tarbes sur le score identique à celui de la première finale, 10 à 8.
"Du côté des filles la note ministérielle ne fit que renforcer leurs convictions. Marie-Celine Bernard, par exemple, n’en fait pas plus cas aujourd’hui qu’à l’époque : « En tant que joueuses nous étions loin de tout ça. Evidemment ça nous a outré et fait rire à la fois. En fait, la lettre de Crespin nous a motivées".